Les catholiques ont une piété filiale envers Marie, la mère de Jésus, qu'ils considèrent spontanément comme leur mère et mère de toute l’Église. Cela peut être démontré de plusieurs manières par les Écritures. Toutefois, beaucoup de dénominations protestantes sont allergiques à considérer Marie comme leur mère. Pourtant, ce ne serait pas un problème si un membre de ces dénominations considérait la mère du pasteur comme sa mère. Cependant, quand il s'agit de prendre pour mère la Mère de Jésus notre Sauveur, certains se bouchent les oreilles.

1. Nous sommes les frères de Jésus

Dire que Marie est la mère de tous les chrétiens, par conséquent, la mère de l’Église, est une déduction de deux vérités bibliques. Tout d'abord, Marie est la mère de Jésus (Lc 1, 35 ; Lc 2, 7 ; Ac 1, 14 ; etc.). De plus, nous sommes les frères de Jésus qui est « l'aîné d'une multitude de frères » (Rm 8, 29). Conclusion : Marie est notre mère.

Certains soulèvent l'objection suivante : Marie est la mère de Jésus de façon « physique », par l'enfantement, et ne pourrait être mère de façon spirituelle des chrétiens. Que l'on se souvienne alors ce que Jésus a dit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21). Marie est aussi et surtout mère de Jésus de façon spirituelle, parce qu'elle remplit cette condition. Elle est « celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45) ! Au sujet des événements relatifs au Christ, elle « gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur » (Lc 2, 19.51). Elle reconnaît Dieu comme son Sauveur (Lc 1, 47).

Le matin de la résurrection, Jésus dit à Marie Magdala : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Jésus est consubstantiel au Père, un seul Dieu avec lui, ce qui n'est pas le cas pour nous, créatures de Dieu. Cela n'empêche pas que Jésus fasse de son Père notre Père, de son Dieu, notre Dieu. Pourquoi ne ferait-il pas de sa Mère, notre Mère, lui qui ne rougit pas de nous appeler ses frères (He 2, 11-12) ?

2. Jésus, Tête de l’Église

Jésus est « aussi la Tête du Corps, c'est-à-dire de l’Église » (Col 1, 18). Marie étant la mère de Jésus, la Tête, elle est aussi la mère du Corps, l’Église, car la Tête et le Corps sont inséparables (Ep 5, 29-30).

En donnant son consentement à l'archange Gabriel pour concevoir du Saint Esprit le Fils de Dieu (Lc 1, 38), Marie devient la mère de l’Église. Car, sans son « Oui », Jésus n'aurait pas pu s'incarner et fonder l’Église. La naissance de la Tête coïncide donc avec la naissance du Corps.

Saint Augustin fait remarquer que Marie « est mère spirituellement des membres de Jésus-Christ, et c'est nous qui sommes ces membres. En effet, elle a coopéré, par sa charité, à faire naître dans l'Église les fidèles qui sont les membres de ce Chef. Elle est corporellement sa mère ; car il fallait que, par un insigne miracle, notre Chef naquît d'une vierge, selon la chair, pour signifier par là que ses membres naîtraient spirituellement d'une autre vierge qui est l'Église. Marie seule est donc à la fois, selon l'esprit et selon la chair, mère et vierge, la mère et la vierge de Jésus-Christ. Dans la personne des saints, appelés à la possession du royaume de Dieu, l'Église tout entière est aussi spirituellement la mère et la vierge de Jésus-Christ » (Saint Augustin, La sainte virginité, 6).

Pour le Concile Vatican II, « en concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère » (Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, n°61).

3. Femme, voici ton fils

« Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple : "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne » (Jn 19, 25-27).

Le contexte de ce passage montre que Jésus s'adressait précisément à Jean et non à tous ceux qui étaient présents, et c'est celui-ci qui accueillit Marie chez lui et non tous les autres. Toutefois, si Marie pouvait désormais appeler Jean son fils, pourquoi ne pouvait-elle pas appeler les autres disciples ses fils ? Réciproquement, si le disciple Jean pouvait désormais appeler Marie, sa mère, pourquoi les autres disciples ne pourraient-ils pas faire de même ? Jésus refuserait-il de nous donner sa mère pour mère ? « Dieu qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur » (Rm 8, 32) ?

Saint Paul fait cette demande aux Romains : « Saluez Rufus, cet élu dans le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne » (Rm 16, 13). Si celui qui se fait passer pour le « le moindre des apôtres » (1 Co 15, 9) peut considérer la mère d'un autre croyant comme sa mère, à plus forte raison, pouvons-nous considérer la mère de Jésus comme notre mère, d'autant plus que Jésus nous la donne comme mère sur la Croix à travers la personne du disciple qu'il aimait. Elle a exercé son ministère maternel en priant avec les Apôtres au cénacle (Ac 1, 14) dans l'attente de l'Esprit Saint qui l'a en tout premier lieu couverte de son ombre (Lc 1, 35).

4. Marie, la nouvelle Ève

Ève, « la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20) est une figure lointaine de Marie, mère de tous les chrétiens. En effet, saint Paul montre qu'Adam préfigure le Christ : « La mort a régné d'Adam à Moïse même sur ceux qui n'avaient point péché d'une transgression semblable à celle d'Adam, figure de celui qui devait venir... Mais il n'en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d'un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d'un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude. Comme en effet par la désobéissance d'un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera-t-elle constituée juste » (Rm 5, 14-15.19).

Cependant, Adam n'a pas été le premier à pécher, mais Ève : « La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea » (Gn 3, 6).

Ainsi, en écoutant le serpent, un ange déchu (Ap 12, 9) qui se fait passer pour un ange de lumière (2 Co 11, 14), Ève désobéit à Dieu et entraîne Adam à la désobéissance. Cela était une image lointaine de Marie, qui, écoutant un ange bon, envoyé par Dieu, obéit à Dieu en acceptant d'être la mère de son Fils. Sous l'action de l'Esprit Saint, elle conçoit aussitôt son Fils, qui par son obéissance également sauve le genre humain.

« L'homme appela sa femme "Ève", parce qu'elle fut la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20). Or, Jésus est lui-même la Vie (Jn 1, 4 ; Jn 14, 6). Par suite, Marie, mère de Jésus est la mère de la Vie elle-même. Elle est donc la « mère de tous les vivants », la mère de tous ceux qui obtiennent « la vie nouvelle » par le baptême (Rm 6, 4 ; 2 Co 5, 17), c'est-à-dire, la mère de tous les chrétiens et donc de l’Église.

5. La femme de l'Apocalypse

« Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête… Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer » (Ap 12, 1.5).

C'est spontanément que les catholiques reconnaissent Marie dans la femme de l'Apocalypse qui enfante Jésus. Ce livre a de nombreux symboles et n'est pas facile d'accès. La femme de l'Apocalypse est aussi une figure de l’Église, mais cela n'est pas en contradiction avec l'identification à Marie, puisqu'un symbole peut renvoyer à plusieurs réalités.

Dans le livre de la Genèse, Dieu dit au serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon » (Gn 3, 15). Aussi, Marie, la Nouvelle Ève, est-elle dépeinte dans l'Apocalypse en proie avec le dragon qui subit une défaite cuisante. « Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). Le reste des enfants de la Femme, c'est précisément les chrétiens. Ce sont donc les Saintes Écritures qui attestent que Marie est la mère de tous les chrétiens, donc la mère de l’Église.


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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