Certains catholiques reprochent à l’Église de ne pas mettre l'accent sur le parler en langues contrairement à de nombreuses églises évangéliques. Cette attitude prudente est recommandée par les Écritures, qui sont assez claires sur ce charisme et qui ont prévenu qu'il y aura beaucoup de faux : « Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d'abuser, s'il était possible, même les élus » (Mt 24, 24).

1. Deux façons de parler en langues

Dans l’Église catholique, le parler en langues est surtout vécu dans les groupes de Renouveau Charismatique. Il se divise en deux catégories.

Il y a d'abord la xénolalie. Il s'agit de parler une langue étrangère que l'on ne connaît pas, mais qui est connue par les auditeurs. C'est ce qui s'est passé le jour de la Pentecôte : « Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : "Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu" » (Ac 2, 4-11) !

Il y a aussi la glossolalie qui consiste à prononcer des paroles qui ne sont pas directement compréhensibles. Pour l'interprétation, il faut avoir un charisme particulier. Cela a été observé dans les Actes des Apôtres :

  • « Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu » (Ac 10, 44-46) ;

  • « Quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser » (Ac 19, 6).

Ce charisme, Jésus l'avait annoncé le jour de l'Ascension en disant : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris » (Mc 16, 15-18).

2. Saint Paul et le parler en langues

Saint Paul parle longuement du parler en langues dans la première lettre aux Corinthiens :

« Recherchez la charité; aspirez aussi aux dons spirituels, surtout à celui de prophétie. Car celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; personne en effet ne comprend: il dit en esprit des choses mystérieuses. Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes ; il édifie, exhorte, réconforte. Celui qui parle en langues s'édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l'assemblée. Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise l'emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n'interprète, pour que l'assemblée en tire édification.

Et maintenant, frères, supposons que je vienne chez vous et vous parle en langues, en quoi vous serai-je utile, si ma parole ne vous apporte ni révélation, ni science, ni prophétie, ni enseignement ? Ainsi en est-il des instruments de musique, flûte ou cithare ; s'ils ne donnent pas distinctement les notes, comment saura-t-on ce que joue la flûte ou la cithare ? Et si la trompette n'émet qu'un son confus, qui se préparera au combat ? Ainsi de vous : si votre langue n'émet pas de parole intelligible, comment saura-t-on ce que vous dites ? Vous parlerez en l'air. Il y a, de par le monde, je ne sais combien d'espèces de langages, et rien n'est sans langage. Si donc j'ignore la valeur du langage, je ferai l'effet d'un Barbare à celui qui parle, et celui qui parle me fera, à moi, l'effet d'un Barbare.

Ainsi de vous : puisque vous aspirez aux dons spirituels, cherchez à les avoir en abondance pour l'édification de l'assemblée. C'est pourquoi celui qui parle en langues doit prier pour pouvoir interpréter. Car, si je prie en langues, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n'en retire aucun fruit. Que faire donc ? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. Je dirai un hymne avec l'esprit, mais je le dirai aussi avec l'intelligence. Autrement, si tu ne bénis qu'en esprit, comment celui qui a rang de non-initié répondra-t-il "Amen!" à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ? Ton action de grâces est belle, certes, mais l'autre n'en est pas édifié.

Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous ; mais dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que 10.000 en langues » (1 Co 14, 1-19).

3. Nécessité de discernement

Comme tous les autres charismes, le parler en langues a besoin d'être discerné : « N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie ; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le » (1 Th 5, 19-21). En effet, lorsqu'une personne se met à prononcer des paroles non intelligibles, comment être sûr que la personne parle en langues, puisque tout le monde peut agir de la même manière sans être mu par l'Esprit Saint ?

L’Écriture précise que tout le monde n'a pas ce charisme. Il est écrit : « Tous sont-ils apôtres ? Tous prophètes ? Tous docteurs ? Tous font-ils des miracles ? Tous ont-ils des dons de guérison ? Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils » (1 Co 12, 29-30) ? Par conséquent, si dans une église tout le monde ou presque tout le monde parle en langues, il faut se poser des questions. Il n'y a pas à avoir de complexe si l'on n'a pas le charisme de la glossolalie.

De plus, le parler en langues édifie s'il y a dans l'assemblée le charisme d'interprétation : « Parle-t-on en langues ? Que ce soit le fait de deux ou de trois tout au plus, et à tour de rôle ; et qu'il y ait un interprète. S'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'assemblée ; qu'on se parle à soi-même et à Dieu » (1 Co 14, 27-28). Nous constatons que dans la pratique, cette consigne n'est pas respectée.

Enfin, le parler en langues ne saurait prendre une place prépondérante par rapport à la prédication et à la prière en langage intelligible. L'Apôtre dit en effet : « Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous ; mais dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que 10.000 en langues » (1 Co 14, 18-19).


Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso)


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