Les offenses à la chasteté

On appelle prostitution le fait pour un homme ou une femme d’accepter une pratique sexuelle quelconque contre de l’argent, des biens matériels ou quelque avantage (obtention d’un emploi, d’une promotion, attribution d’un marché, etc.). Certaines personnes en ont fait leur métier. La prostitution est encore appelée « relation tarifée », commerce de sexe, etc. Dans le milieu scolaire et estudiantin, on a inventé le concept de NST : Notes Sexuellement Transmissibles. La prostitution serait le plus vieux métier du monde. Elle s’est sophistiquée au fil des années : Internet et les réseaux sociaux (Youtube, Facebook, Snapchat, etc.) sont désormais utilisés pour augmenter la clientèle.

La pratique de la prostitution est une forme grave de fornication ou d’adultère voire d’homosexualité, car celui ou celle qui se prostitue est réduit(e) au plaisir qu’on tire de lui (d’elle) et bien plus, est assimilé(e) à une simple marchandise. Les relations sexuelles devraient être la donation personnelle, totale et gratuite des époux l’un à l’autre en signe d’amour. Les personnes qui se prostituent sont généralement les femmes, mais on y trouve aussi des hommes, des enfants et des adolescents. Parmi les nombreuses causes de prostitution, on peut citer principalement la pauvreté, le chômage et certaines situations familiales [1] :

Quelles que soient les raisons qui poussent à « la prostitution, comportement que la morale chrétienne a toujours considéré comme un acte gravement immoral » [2], force est de constater que certaines personnes qui traversent les mêmes difficultés choisissent héroïquement de ne pas se prostituer. Les chrétiens en particulier doivent se rappeler qu’ils ne sont pas exempts de la pauvreté et des difficultés et que leur maître, Jésus, a beaucoup souffert ; il est même né dans une grotte d’animaux, emmailloté et couché dans une mangeoire ! Et « le disciple n’est pas plus grand que son maître ! » (Lc 6, 40). « Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Jb 2, 10).

C’est en travaillant honnêtement pour améliorer son sort – car « si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 10), dit saint Paul, – et en s’abandonnant patiemment à la Providence par une prière assidue (cf. Mt 6, 24-34) que l’on peut trouver dignement une issue heureuse et durable à ses problèmes. Jésus a fait l’éloge de la pauvre veuve qui a mis dans le tronc du Temple deux piécettes, étant tout ce qu’elle avait pour vivre, parce qu’elle avait foi que dans son indigence, Dieu lui-même se préoccuperait de lui trouver de quoi vivre (cf. Mc 12, 41-44).

Les plus sceptiques pourraient se demander si la prostitution ne serait pas louable lorsque ses fruits servent à de bonnes œuvres (honorer des ordonnances, payer des scolarités, nourrir une famille, etc.). « Une intention bonne (par exemple : aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens. Il y a des actes qui par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances et des intentions, sont toujours gravement illicites en raison de leur objet ; ainsi le blasphème et le parjure, l'homicide et l'adultère. Il n'est pas permis de faire le mal pour qu'il en résulte un bien » [3].

L’argent issu de la prostitution a toujours été considéré comme de l’argent sale : « Tu n'apporteras pas à la maison de Yahvé ton Dieu le salaire d'une prostituée ni le paiement d'un chien [= d’un prostitué], quel que soit le vœu que tu aies fait : car tous deux sont en abomination à Yahvé ton Dieu » (Dt 23, 19). Ainsi, les prostituées et tous ceux qui obtiennent quelque profit de la prostitution (proxénètes, intermédiaires entre les prostituées et les clients, propriétaires de chambres de passes, propriétaires de maquis et de débits de boissons qui favorisent volontairement la présence de prostituées dans ces lieux, etc.) doivent travailler avec empressement à leur conversion, surtout s’ils sont baptisés.

Les clients des prostituées courent de grands risques pour leurs finances en dilapidant les biens de leur famille : un premier passage chez les prostituées, puis un deuxième … On y prend goût, on en devient esclave, on s’enfonce dans le vice, on ne sait plus comment s’en sortir. D’où ce conseil de l’Ecclésiastique : « Ne te livre pas aux mains des prostituées : tu y perdrais ton patrimoine » (Si 9, 6). Attention donc à la fréquentation des boîtes de nuits, de certains bars, à l’alcoolisme, aux mauvaises compagnies et à la mauvaise gestion des problèmes personnels, professionnels ou familiaux. Car, l’alcool et le sexe n’ont jamais été des solutions au stress, aux situations angoissantes et aux conflits conjugaux. Au contraire, ils les aggravent.

La fréquentation des prostituées semble être le canal par lequel se perd aussi l’argent facilement ou malhonnêtement acquis (gains de loterie, vols, détournements, vente de drogue, etc.). L’enfant prodigue, à peine a-t-il reçu la moitié de l’héritage de son père qu’il a exigé de son vivant, s’empressa de le dilapider avec des prostituées au point de ne plus avoir de quoi manger (cf. Lc 15, 11-32). La prostitution est aussi le lieu par excellence de propagation du SIDA et des autres Infections Sexuellement Transmissibles.

La cause principale de la prostitution est la misère matérielle ou morale. Or, le souci du pauvre est constant dans tous les livres de la Bible. On entend par exemple de la part de Jésus : « Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu alors de ce qu'ils n'ont pas de quoi te le rendre ! Car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes » (Lc 14, 13-14). Non seulement il faut aider les pauvres de toute sorte sans rien attendre en retour, mais aussi, il ne faut jamais profiter, pas même sexuellement, de leur infortune : « Si ton frère qui vit avec toi tombe dans la gêne et s'avère défaillant dans ses rapports avec toi, tu le soutiendras à titre d'étranger ou d'hôte et il vivra avec toi. Tu ne lui donneras pas d'argent pour en tirer du profit ni de la nourriture pour en percevoir des intérêts » (Lv 25, 35.37). « Tu n'exploiteras pas ton prochain et ne le spolieras pas » (Lv 19, 13).

De plus, parmi les bonnes œuvres en faveur des pauvres, figure en bonne place la fourniture de vêtements pour cacher leur nudité, les protéger contre les intempéries et leur donner une dignité dans la société. Dans le livre de la Genèse, un certain cultivateur « ayant bu du vin, fut enivré et se dénuda à l'intérieur de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et avertit ses deux frères au-dehors. Mais Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent tous deux sur leur épaule et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père ; leurs visages étaient tournés en arrière et ils ne virent pas la nudité de leur père » (Gn 9, 21-23). Au jour du jugement, Jésus dira aux uns : « Venez, les bénis de mon Père j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j’étais nu et vous m'avez vêtu » et aux autres : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j’étais nu et vous ne m'avez pas vêtu. Dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait » (cf. Mt 25, 31-46). A quoi devraient s’attendre alors ceux qui, au lieu de « tirer l'exploité des mains de l'oppresseur » (Jr 21, 12), au lieu d’aider les prostituées à recouvrer leur dignité contribuent au contraire à les maintenir dans le métier et les déshabillent indûment ?

Dans le sens de la parabole du bon Samaritain (cf. Lc 10, 30-37), les prostituées sont ce demi-mort moralement et spirituellement, roué de coups (sexuels), dépouillé de ses vêtements, de sa dignité, gisant sur notre chemin, dont les gens « biens » n’osent pas s’approcher de peur de se souiller, et qu’ils indexent, accusent, condamnent en passant de l’autre côté de la route. Elles cherchent pourtant une main secourable pour les conseiller et les relever. Certaines d’entre elles vivent dans le déni : « c’est mon choix, j’aime ce métier, chacun sa liberté, c’est parce qu’il y a la clientèle qu’on est là, etc. ». D’autres au contraire reconnaissent et déplorent leurs conditions de vie terribles, le rejet de leur famille, les clients violents, les humiliations reçues, l’exploitation par les proxénètes, les maladies, les douleurs, les séquelles de l’avortement et des fausses couches, l’usage de la drogue pour noyer les soucis, la perte d’estime de soi, une vision très négative des hommes, la perte du sens de la vie, la difficulté de s’en sortir et de voir un lendemain meilleur, etc. Nos prières au moins peuvent les accompagner. De nombreux témoignages montrent que la conversion est possible.

« L’homme mangera à la sueur de son front » (cf. Gn 3, 19) et non à la sueur de son sexe. Bref, « la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l'âme de tourments sans nombre. Pour toi, homme de Dieu, fuis tout cela. Poursuis la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur. Combats le bon combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et en vue de laquelle tu as fait ta belle profession de foi en présence de nombreux témoins » (1 Tm 6, 10-12).

 

Notes : 

[1] D’après Père François SEDGO, Prévention SIDA et éducation chrétienne de la sexualité humaine.

[2] Congrégation pour la doctrine de la foi, Note sur la banalisation de la sexualité à propos de certaines interprétations de "lumière du monde" (21 décembre 2010).

[3] Catéchisme de l’Église Catholique, n°1753.1756.