Dans l’Église catholique, les saints, ceux qui sont morts et qui sont désormais au paradis, sont des modèles de sainteté et sont aptes à intercéder pour nous, de même que les anges. Cependant, bon nombre de dénominations protestantes rejettent l'idée des saints et le culte des anges, en n'acceptant uniquement Jésus comme unique modèle et médiateur entre Dieu et les hommes.

1. Qui sont les saints ?

Dans l'Apocalypse, on voit qu'« un autre Ange vint alors se placer près de l'autel, muni d'une pelle en or. On lui donna beaucoup de parfums pour qu'il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or placé devant le trône. Et, de la main de l'Ange, la fumée des parfums s'éleva devant Dieu, avec les prières des saints. » (Ap 8, 3-4) Ce parfum fait penser au Psaume qui dit : « Que ma prière devant toi s'élève comme un encens, et mes mains, comme l'offrande du soir. » (Ps 141 (140), 2)

Une objection courante à la doctrine catholique de l'intercession des saints est que le mot « saint » ne désignerait pas dans la Bible les chrétiens qui sont parvenus au ciel, mais seulement les chrétiens encore vivants sur terre. On parvient à cette conclusion hâtive lorsqu'on considère uniquement que saint Paul appelle à plusieurs reprises les chrétiens « saints », par exemple quand il dit : « Tous les saints vous saluent. » (2 Co 13, 12) Ou encore : « Maintenant je me rends à Jérusalem pour le service des saints. » (Rm 15, 25)

Cependant, il précise que les chrétiens « ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, et appelés à être saints. » (1 Co 1, 1-2) En d'autres termes, les chrétiens sont « saints par vocation » (Rm 1, 7). D'où l'appel à travailler chaque jour pour sa sanctification : «  À l'exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit : Vous serez saints, parce que moi, je suis saint. » (1 P 1, 15-16)

« Qui est comme toi parmi les dieux, Yahvé ? Qui est comme toi illustre en sainteté, redoutable en exploits, artisan de merveilles ? » (Ex 15, 11) Seul Dieu est saint. Dans la Bible, les choses ou les personnes qui se rapportent ou qui appartiennent à Dieu sont dites saintes ou consacrées, en particulier son Esprit Saint et son peuple. Dans l'Ancien Testament, ceux qu'on appelle les saints sont parfois les fidèles de Yahvé (Ps 34 (33), 10 ; Dn 8, 4 ; Dn 7, 18.22.25.27), mais plus souvent, ce sont des êtres divins, des anges : « Je contemplai les visions de ma tête, sur ma couche. Voici : un Vigilant, un saint descend du ciel. » (Dn 4, 10). On voit également dans le Nouveau Testament que les anges sont appelés des « saints », en comparant les passages suivants relatifs à l'escorte du Christ lors de son retour glorieux :

  • « Et vous, que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l'amour que vous avez les uns envers les autres et envers tous, comme nous-mêmes envers vous : qu'il affermisse ainsi vos cœurs irréprochables en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l'Avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints. » (1 Th 3, 12-13)

  • « Car ce sera bien l'effet de la justice de Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous l'infligent, et à vous, qui la subissez, le repos avec nous, quand le Seigneur Jésus se révélera du haut du ciel, avec les anges de sa puissance. » (2 Th 1, 6-7)

  • « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » (Mc 8, 38 ; Lc 9, 26 ; Jude 14)

Sur la croix, Jésus dit au voleur repentant : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Lc 23, 43) L’Église catholique appelle également « saints », les chrétiens qui sont morts et qui sont au ciel. Cette appellation est légitime, puisque le chrétien, saint par vocation (1 Co 1, 1-2 ; Rm 1, 7), doit rechercher « la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. » (He 12, 14) On peut dire que ceux qui sont admis au ciel ont atteint cette sanctification-là. Saint Paul appelle ces élus du ciel les « saints » qui sont dans la lumière quand il écrit : « Vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. » (Col 1, 12) Leur sort en effet c'est d'être dans la lumière, car pour eux, « de nuit, il n'y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s'éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles. » (Ap 22, 5)

Ainsi, quand l'Apocalypse rapporte que « les quatre Vivants et les 24 Vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfums, les prières des saints » (Ap 5, 8), cela peut être aussi bien la prière des chrétiens encore vivants, la prière des anges ou encore la prière de ceux qui sont dans la béatitude du ciel.

2. Jésus, unique médiateur entre Dieu et les hommes

Le rejet catégorique de l'intercession des saints par les protestants provient du principe du « solus Christus », expression signifiant : « le Christ uniquement ». Selon cette croyance, on doit prier Dieu seul, directement, « car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous. » (1 Tm 2, 5-6)

Toutefois, lorsque les protestants demandent à leurs pasteurs de prier pour eux, ou lorsqu'eux-mêmes prient pour d'autres personnes, ne sont-ils pas des médiateurs entre Dieu et d'autres personnes ? N'est-ce pas ce que l’Écriture demande ? « Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l'Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints. » (Ep 6, 18)

Pour sortir de l'impasse, certains distinguent « l'intercession » de la « médiation » entre Dieu et les hommes. Et pourtant, la médiation du Christ consiste principalement à intercéder pour nous : « Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? » (Rm 8, 34) « Il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s'avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. » (He 7, 25)

Comme pour le cas de l'intercession, nous voyons dans les Écritures certains rôles qui sont attribués à Jésus seul, mais qui sont partagés par les chrétiens. Nous donnons ci-dessous 3 exemples.

  • Dieu seul est saint ; les chrétiens sont aussi appelés des saints :

    • « Point de Saint comme Yahvé (car il n'y a personne excepté toi), point de Rocher comme notre Dieu. » (1 S 2, 2)

    • « Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés. » (Col 3, 12)

    • « C'est ainsi qu'autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu se paraient, soumises à leurs maris. » (2 P 3, 5)

  • Jésus est le seul fondement de l’Église ; les Apôtres aussi :

    • « Selon la grâce de Dieu qui m'a été accordée, tel un bon architecte, j'ai posé le fondement. Un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il y bâtit. De fondement, en effet, nul n'en peut poser d'autre que celui qui s'y trouve, c'est-à-dire Jésus Christ. » (1 Co 3, 10-11)

    • « Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. Car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et prophètes, et pour pierre d'angle le Christ Jésus lui-même. » (Ep 2, 19-20)

  • Jésus est le seul Juge ; les chrétiens aussi :

    • « Il n'y a qu'un seul législateur et juge, celui qui peut sauver ou perdre. Et toi, qui es-tu pour juger le prochain ? » (Jc 4, 12)

    • « Ou bien ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et si c'est par vous que le monde doit être jugé, êtes-vous indignes de prononcer sur des riens ? Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? A plus forte raison les choses de cette vie ! » (1 Co 6, 2-3à

En fait, comme le souligne l'Apôtre, « les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature. » (2 P 1, 3) Ainsi, nous partageons avec le Christ certains de ses attributs, « par participation », en particulier le fait qu'il soit le seul fondement, le seul Juge, et le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Le chrétien a donc la liberté de prier directement Jésus, ou bien de demander à quelqu'un de prier pour lui (Col 4, 3 ; He 13, 18), ou encore, de demander l'intercession des saints.

Ces derniers sont bien vivants, car le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob « n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui » (Lc 20, 37) Ils sont des exemples à imiter pour les chrétiens en raison de leur persévérance et de l'aboutissement de leur foi : « Prenez, frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (Jc 5, 10) « Souvenez-vous de vos chefs, eux qui vous ont fait entendre la parole de Dieu, et, considérant l'issue de leur carrière, imitez leur foi. » (He 13, 7)

3. Les saints et les anges prient pour nous

Répondant aux Sadducéens, Jésus déclara : « Les fils de ce monde-ci prennent femme ou mari ; mais ceux qui auront été jugés dignes d'avoir part à ce monde-là et à la résurrection d'entre les morts ne prennent ni femme ni mari ; aussi bien ne peuvent-ils plus mourir, car ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. Et que les morts ressuscitent, Moïse aussi l'a donné à entendre dans le passage du Buisson quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Or il n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui. » (Lc 20, 34-38)

Ce passage fournit deux indications précieuses : d'abord, les saints qui sont au ciel sont bien vivants. De plus, ils sont comme des anges. Ils assurent donc jour et nuit, comme les anges, le service de louange et d'intercession pour les hommes (Ap 7, 15). Cela peut être illustré par les passages suivants :

  • Lorsque Jésus monte sur la montagne avec Pierre, Jacques et Jean, on note « que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui. » Moïse et Élie étaient bien morts depuis les siècles, et ils s'entretiennent consciemment avec Jésus, et les autres Apôtres comprennent bien leur discussion.

  • On lit également dans l'Apocalypse : « Lorsqu'il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et [pour] le témoignage qu'ils avaient rendu. Ils crièrent d'une voix puissante : "Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ?" Alors on leur donna à chacun une robe blanche en leur disant de patienter encore un peu, le temps que fussent au complet leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux. » (Ap 6, 9-11) Là encore, les saints martyrs discutent consciemment avec le Seigneur.

  • Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu montre que les saints défunts peuvent intercéder pour les vivants. Dieu dit à Jérémie : « Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, je n'aurais pas pitié de ce peuple-là ! Chasse-les loin de moi : qu'ils s'en aillent ! » (Jr 15, 1) Il est à noter que Moïse et Samuel étaient déjà morts depuis des siècles. Cette déclaration est très semblable à celle que Dieu a faite à Jérémie encore vivant : « Quant à toi, n'intercède pas pour ce peuple-là, n'élève en leur faveur ni plainte ni prière. Car je ne veux pas écouter, quand ils crieront vers moi à cause de leur malheur ! » (Jr 11, 14 ; Jr 7, 16)

  • Dans le second livre des Maccabées, – ce livre ne se trouve pas dans les bibles protestantes –, le songe de Judas montre des fidèles défunts qui intercèdent pour les vivants. Judas, « ayant armé chacun d'eux moins de la sécurité que donnent les boucliers et les lances que de l'assurance fondée sur les bonnes paroles, il leur raconta un songe digne de foi, une sorte de vision, qui les réjouit tous. Voici le spectacle qui lui avait été offert : l'ex-grand prêtre Onias, cet homme de bien, d'un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l'enfance à toutes les pratiques de la vertu, Onias étendait les mains et priait pour toute la communauté des Juifs. Ensuite avait apparu à Judas, de la même manière, un homme remarquable par ses cheveux blancs et par sa dignité, revêtu d'une prodigieuse et souveraine majesté. Prenant la parole, Onias disait : "Celui-ci est l'ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte tout entière, Jérémie, le prophète de Dieu." Puis Jérémie, avançant la main droite, donnait à Judas une épée d'or et prononçait ces paroles en la lui remettant : "Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, avec lui tu briseras les ennemis." » (2 M 15, 11-16)

Comme dit précédemment, les saints qui sont au ciel sont comme des anges (Lc 20, 34-38) et l’Écriture montre à plusieurs reprises des anges qui prient pour les vivants :

  • « Alors s'il se trouve près de lui un Ange, un Médiateur pris entre mille, qui rappelle à l'homme son devoir, le prenne en pitié et déclare : "Exempte-le de descendre dans la fosse : j'ai trouvé la rançon pour sa vie", sa chair retrouve une fraîcheur juvénile, il revient aux jours de son adolescence. Il prie Dieu qui lui rend sa faveur, il vient le voir dans l'allégresse. Il annonce à autrui sa justification et fait entendre devant les hommes ce cantique : "J'avais péché et perverti le droit : Dieu ne m'a pas traité selon ma faute." » (Job 33, 23-27)

  • « Alors l'ange de Yahvé prit la parole et dit : "Yahvé Sabaot, jusques à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda auxquelles tu as fait sentir ta colère depuis 70 ans ?" À l'ange qui me parlait, Yahvé répondit par des paroles de bonté, des paroles de consolation. » (Za 1, 12-13)

  • L'ange Raphaël dit : « Vous saurez donc que, lorsque vous étiez en prière, toi et Sarra, c'était moi qui présentais vos suppliques devant la Gloire du Seigneur et qui les lisais ; et de même lorsque tu enterrais les morts. » (Tb 12, 12)

4. Les saints et les anges entendent nos prières

Un problème qui se pose est la question de savoir si les saints et les anges sont omniprésents et omniscients, c'est-à-dire s'ils sont présents partout sur la terre et sont capables d'entendre les prières parfois simultanées qui leur sont adressées de partout. À cela, il faut noter que leur omniprésence et omniscience n'est pas celle de Dieu.

Dieu est le seul à connaître le cœur des hommes (2 Ch 6, 30). Toutefois, note saint Thomas d'Aquin, il peut le révéler à qui il veut, soit par vision ou par quelque autre manière (Suppl. 72:1, ad 5). Gardons en mémoire que les saints qui sont au ciel sont comme des anges (Lc 20, 34-38). On ne peut pas compter dans la bible le nombre de fois où Dieu révèle à des hommes ce qui va arriver à travers le ministère des anges. De plus, l'évangile montre à plusieurs reprises comment ce qui se passe sur la terre, parfois dans le secret du cœur, est connu des anges, donc des saints :

  • « C'est ainsi, je vous le dis, qu'il naît de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. » (Lc 15, 10)

  • « Je vous le dis, quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l'homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu ; mais celui qui m'aura renié à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu. » (Lc 12, 8-9)

Ceux qui ont été tués pour leur foi, les martyrs, s'adressent à Dieu en ces termes : « Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » C'est bien la preuve qu'ils ont conscience qu'ils n'ont pas encore été vengés, en d'autres termes, ils savent ce qui se passe sur la terre des vivants.

5. Prier les saints, est-ce de la nécromancie ?

« On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu. » (Dt 18, 10-12) Ce passage est souvent utilisé à tort pour rejeter l'intercession des saints. Cette directive divine interdit sans aucun doute l'invocation des morts à des fins superstitieuses ou dans le but de connaître l'avenir, de même qu'on le ferait en pratiquant la magie, car l'intercession des saints est expressément permise par les Écritures, « et l’Écriture ne peut être récusée » (Jn 10, 35).

Saint Paul s'interroge : « Qui nous séparera de l'amour du Christ ? Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8, 35.38-39) Concrètement, cela signifie que nous vivons dans l'amour du Christ qui nous presse (2 Co 5, 14), et les saints qui sont au ciel, même morts, sont vivants (Lc 20, 37) et ne sont pas séparés de l'amour du Christ. Par suite, les chrétiens sont en communion avec ceux qui les ont précédés auprès du Père parce que nous sommes tous dans une communion d'amour avec le Christ (1 Jn 1, 3), et la mort ne peut briser cette communion d'amour (Rm 8, 39). C'est ce que l’Église catholique appelle la « communion des saints ».

La lettre aux Hébreux rappelle que les chrétiens ne sont pas seuls ; ils sont entourés par les anges et les esprits des justes qui ont été rendus parfaits, c'est-à-dire les saints : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d'anges, réunion de fête, et de l'assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d'un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits, de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle. » (He 12, 22-24)

Les saints, « ces gens vêtus de robes blanches », « sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple. » (Ap 7, 13-15) Ce service auprès du trône, comme celui des anges, est louange et prière. Si lorsqu'ils étaient sur la terre, les saints priaient pour que les hommes soient sauvés (Rm 10, 1) et persévèrent sur le droit chemin (2 Tm 1, 3), pourquoi, une fois admis au ciel, cette intercession pour ceux qui sont encore vivants ne leur serait plus possible ?

6. Le culte des saints, est-ce de l'idolâtrie ?

L’Église catholique distingue l'adoration qui revient à Dieu seul, et la vénération, grand respect que l'on peut avoir envers les saints, en premier lieu, la Très Sainte Vierge Marie. Même si on parle de culte des saints, elle est distincte du culte qui doit être rendu à Dieu seul. Le culte envers Dieu est appelé le culte de « latrie », et le culte envers les saints est dit le culte de « dulie ». L'intercession des saints n'est pas de l'idolâtrie tout simplement parce qu'elle est permise par Dieu.

7. La Bible interdit-elle le culte des anges ?

Saint Paul interdit un certain culte des anges qu'il faut comprendre dans son contexte : « Que personne n'aille vous en frustrer, en se complaisant dans d'humbles pratiques, dans un culte des anges : celui-là donne toute son attention aux choses qu'il a vues, bouffi qu'il est d'un vain orgueil par sa pensée charnelle, et il ne s'attache pas à la Tête, dont le Corps tout entier reçoit nourriture et cohésion, par les jointures et ligaments, pour réaliser sa croissance en Dieu. » (Col 2, 18-19)

Le culte proscrit peut être celui qui consisterait à égaler les anges au Christ comme le réfute soigneusement et longuement la lettre aux Hébreux (He 1, 4-14), ou à les adorer comme on adorerait Dieu (Ap 22, 9). Cependant, on trouve dans l’Écriture des honneurs rendus aux anges. Par exemple, Moïse enlève ses chaussures en présence de l'ange qui apparut dans une flamme de feu au milieu d'un buisson (Ex 3, 2-5). Josué quant à lui tombe la face contre terre devant l'ange qui lui apparaît (Jos 5, 14).

Le visiteur de Job lui demande quel ange (saint) il pourrait invoquer : « Appelle maintenant ! Est-ce qu'on te répondra ? Auquel des saints t'adresseras-tu ? » (Jb 5, 1)

8. Pourquoi s'embarrasser avec la prière des saints et des anges ?

Malgré ces explications, certains partisans du « solus Christus » (le Christ uniquement), opposent encore comme résistance la question de savoir pourquoi recourir à la l'intercession des saints et des anges quand on peut bien prier Dieu directement.

Il y a plusieurs raisons. La première est que « le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal. » (1 P 3, 12) Et les saints qui sont parvenus au ciel et les anges sont des justes et ne peuvent plus commettre de mal. Dieu a même demandé à Job de prier pour ses amis, et non à ces derniers de prier eux-mêmes, pour que, par égard pour Job, ils soient épargnés : « Mon serviteur Job priera pour vous. J'aurai égard à lui et ne vous infligerai pas ma disgrâce pour n'avoir pas, comme mon serviteur Job, parlé avec droiture de moi. » (Jb 42, 8)

Une autre raison est que, d'une manière générale, l'intercession n'est pas un manque de foi. C'est le contraire. On voit Jésus dire du centurion romain : « Je vous le dis : pas même en Israël je n'ai trouvé une telle foi. » (Lc 7, 9). Pourtant, le centurion n'était pas venu lui-même demander la guérison de son serviteur. Il en avait laissé le soin à quelques anciens d'origine juive.

Bien plus, l'intercession les uns pour les autres a été encouragée par les Apôtres : « Je recommande donc, avant tout, qu'on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l'autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, » (1 Tm 2, 1-4 ; Ep 6, 18)

La demande d'intercession a même été à maintes reprises privilégiée par rapport à la prière directe à Dieu : « Je vous le demande, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et la charité de l'Esprit, luttez avec moi dans les prières que vous adressez à Dieu pour moi afin que j'échappe aux incrédules de Judée et que le secours que je porte à Jérusalem soit agréé des saints, » (Rm 15, 30-31) « Priez pour nous en particulier, afin que Dieu ouvre un champ libre à notre prédication et que nous puissions annoncer le mystère du Christ. » (Col 4, 3 ; 1 Th 5, 25 ; 2 Th 3, 1) Saint Paul lui-même priait pour les autres : « Nous prions nous aussi à tout moment pour vous, afin que notre Dieu vous rende dignes de son appel, qu'il mène à bonne fin par sa puissance toute intention de faire le bien et toute activité de votre foi. » (2 Th 1, 11)

L'intercession a donc été prescrite et encouragée, même pour nos persécuteurs qui ne nous l'ont pas demandée (Mt 5, 44). Jésus lui-même a plusieurs fois fait grâce à des gens sur la base de la foi d'autres personnes (Jn 2, 1-9 ; Mt 8, 13 ; Mt 15, 28 ; Mc 9,17-29 ; etc.). On ne peut pas, parce que l'on pourrait prier Dieu directement, interdire ou regarder d'un mauvais œil la sollicitation de l'intercession des vivants et des saints qui sont déjà au ciel ainsi que des anges, surtout que « la supplication fervente du juste a beaucoup de puissance. » (Jc 5, 16) Et les anges et les saints qui sont parvenus au ciel sont des justes.

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Ce site vous est offert par l'Abbé Kizito NIKIEMA, prêtre de l'archidiocèse de Ouagadougou (Burkina Faso).

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