Les fondateurs du protestantisme ont beaucoup insisté sur le fait que seule la foi sauve et non pas les œuvres, contrairement à l'enseignement de la Bible et de l’Église catholique. De ce fait, plusieurs dénominations protestantes considèrent le baptême comme une œuvre, un acte symbolique qui ne sauve pas en tant que tel. Et pourtant, les Saintes Écritures insistent sur la nécessité du baptême pour être sauvé.

1. Le baptême sauve. Ce n'est pas un symbole

Pour réfuter la nécessité du baptême pour le salut, certains mentionnent le cas du voleur repentant sur la croix à qui Jésus promet le ciel : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Lc 23, 43) Jésus devait-il descendre de la croix pour baptiser le voleur afin qu'il soit sauvé ? N'a-t-il pas le pouvoir de faire des exceptions, lui qui donne la vie à qui il veut (Jn 5, 21) ?

Jésus parle aussi de personnages de l'Ancien Testament qui sont au ciel : «  Eh bien ! Je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt 8, 11-12). Ces personnes-là n'ont pas connu Jésus-Christ et n'avaient pas la possibilité de demander le baptême. Ils ont simplement cru en Dieu qu'ils ont suivi sincèrement.

Le baptême avait été annoncé dans l'Ancien Testament : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes. » (Ez 36, 25-27)

Dans ce passage, on voit apparaître deux éléments importants : l'eau qui est répandue et le don de l'Esprit Saint. C'est ce que Pierre exprime le jour de la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit. » (Ac 2, 38) Il poursuit dans son épître en parlant de Noé qui fut sauvé des eaux : « Ce qui y correspond, c'est le baptême qui vous sauve à présent et qui n'est pas l'enlèvement d'une souillure charnelle, mais l'engagement à Dieu d'une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ » (2 P 3, 21). Ananie s'adresse ainsi à Paul qui vient de rencontrer le Seigneur : « Allons ! Reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés en invoquant son nom. » (Ac 22, 16)

Par voie de conséquence, le baptême ne peut être symbolique. Cela n'est enseigné nulle part dans les Écritures. Au contraire, le baptême est une action nécessaire instituée par le Seigneur qui doit être pratiquée et qui accorde des grâces spécifiques indispensables que le simple fait d'avoir la foi ne procure pas : le pardon des péchés, le don de l'Esprit Saint, l'incorporation dans le corps du Christ qui est l’Église (1 Co 12, 13 ; Col 1, 18). « Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. » (Ga 3, 27-28) « Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. » (Rm 6, 3-4 ; Col 2, 12)

2. La nécessité du baptême enseignée par Jésus lui-même

Dans son échange avec Nicodème, Jésus déclare : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Jn 3, 5)

Après la résurrection, Jésus dit aux disciples : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. » (Mc 16, 15-16) En d'autres termes, celui qui croira mais qui refusera le baptême ne peut pas être sauvé. Le fait que la foi soit citée en premier lieu ne fait pas du baptême un élément facultatif ou moins important.

Voici le parallèle dans l'évangile de saint Mathieu : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (Mt 28, 19-20) Par suite, les disciples ne peuvent se contenter de prêcher la Bonne Nouvelle, de susciter la foi et refuser de baptiser. Tout simplement parce que le baptême est nécessaire pour être sauvé. Ainsi, quand saint Paul déclare que « le Christ ne l'a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Évangile » (1 Co 1, 17), il reconnaît tout de même au verset précédent qu'il a baptisé la famille de Stéphanas. Partout où la foi a été suscitée, le baptême est administré aussitôt, nécessairement : Ac 2, 38-41 ; Ac 8, 12 ; Ac 8, 36-38 ; Ac 9, 18 ; Ac 19, 5 ; etc.

C'est pourquoi, le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu’elle a reçue du Seigneur de faire "renaître de l’eau et de l’Esprit" tous ceux qui peuvent être baptisés. Dieu a lié le salut au sacrement du Baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses sacrements. » (n°1257).

Ainsi, ceux qui subissent la mort en raison de la foi, sans avoir reçu le Baptême, les catéchumènes qui meurent avant leur baptême, enfants morts sans baptême peuvent espérer le salut.

3. Lien entre foi et baptême

Bien souvent ceux qui demandent le baptême n'ont pas une foi parfaite, bien mûre. Ils se sentent attirés par le Christ à entrer dans son Église. L'approfondissement de leur foi se fait pendant la préparation au baptême et se poursuit bien après le baptême avec le contact des autres chrétiens. C'est ainsi par exemple que dans les Actes des Apôtres, Philippe rejoint un Éthiopien qui ne comprenait pas un passage du livre du prophète Isaïe. Quand Philippe lui a expliqué ce passage, il s'écria sur le chemin : « Voici de l'eau. Qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé ? » (Ac 8, 36) Et Philippe le baptisa.

L'interprétation de la Bible doit tenir compte de toute la Bible. Ainsi, ce n'est pas parce que Jésus dit à plusieurs reprises qu'il est « le Fils de l'homme » (Mt 12, 8), qu'on doit conclure qu'il n'est pas « Fils de Dieu » (Jn 1, 1), un avec le Père (Jn 10, 30), ou bien que « Fils de Dieu » est symbolique ou moins important que « Fils de l'homme ».

Il y a des passages qui disent qu'il faut croire pour être sauvé : « Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Rm 10, 9) ; « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens. » (Ac 16, 31) Etc. Mais on ne peut en déduire la doctrine protestante selon laquelle on est sauvé uniquement par la foi avant même d'être baptisé, car selon la Bible également, celui qui croit mais qui refuse le baptême ne peut être sauvé (Mc 16, 15-16 ; Jn 3, 5).

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